Je m’appelle Johanne Defay et je suis surfeuse professionnelle. Mais ça tu le savais 😉 

Je suis née en Auvergne dans la même ville que mes parents, au Puy en Velay. Loin des côtes, mon avenir de surfeuse pro n’était pas forcément évident. Mais mes parents rêvaient du grand large et ont décidé de déménager sur l’île de la Réunion à mes 2 ans. Je m’y suis découverte une passion pour l’eau et surtout l’océan. J’ai grandi les pieds nus et les fesses à l’air, mes après-midi après l’école se passaient essentiellement à la plage et mes aptitudes aquatiques se sont fortement développées. J’avais un air de garçon manqué tout en étant fan de barbies et de tutus…Vers 7-8 ans, je me suis mise au surf grace à mes parents qui m’ont emmenée prendre des cours avec le club de surf local d’Etang Salé. Je n’ai jamais arrêté depuis. Le surf et l’océan ont pris des rôles différents au fil des années dans ma vie. 

J’ai donc débuté vers 8 ans, puis je me suis essayée aux compétitions locales et régionales de 10 à 12 ans et les choses un peu plus sérieuses ont alors commencé. Mon premier sponsor à 12 ans m’a permis de commencer les compétitions nationales et européennes mais c’est vers l’âge de 15 ans que la pression/obligation de performer a commencé à se ressentir. Je deviens la plus jeune championne d’Europe cette même année et le début des compétitions internationales est imminent, de même pour mon intégration en équipe de France. D’abord, le but est de prendre de l’expérience, je fais donc les compétitions « toutes catégories » en parallèle des tours juniors qui restent ma priorité pour les 3 années suivantes. En 2011, j’obtiens mon BAC S et je peux enfin me consacrer à ma carrière de surfeuse afin d’atteindre l’élite, le World Championship Tour, qui n'est ouvert qu’aux 17 meilleures filles au monde. Il me faudra deux ans pour me qualifier et 2014 marque mes débuts chez les « pro ». Ces dix années sur le Tour ont été faites de hauts et de bas comme toutes les carrières de sportifs. Dès ma première année, je remporte le titre de « Rookie of the year » (en gros « la meilleure jeune »), j’enchaîne la deuxième année avec ma première victoire en coupe du monde en remportant l’US Open à Huntington Beach. J’ai par la suite pratiquement remporté une étape par an dont Fidji en 2016, Uluwatu à Bali en 2018 ou encore le Surf Ranch en 2021 et G-land en 2022. J’ai fini trois fois dans le top5 mondial et ma meilleur performance est 3ème mondiale en 2022! 

Le surf professionnel dépend d’une ligue privée américaine et si l’on veut une carrière, nous sommes obligés de suivre les compétitions organisées par la World Surf League. Depuis 2018, le surf est aussi une discipline olympique! Cela apporte une nouvelle dimension au sport. Les JO de Tokyo ont été particuliers avec la situation qu’a engendré le covid-19, je n’ai donc pas encore vraiment gouté à la magie des JO. Autant en terme de résultat que d’ambiance, c’était moyen et j’ai donc une belle revanche à prendre. Je suis officiellement qualifiée pour les Jeux de Paris 2024, il me reste juste à participer aux deux championnats du monde ISA  2023 et 2024 (organisés par la fédération internationale de surf, côté amateur du sport). Je suis plus qu’honorée de participer à des Jeux dans mon pays ! Je mesure la chance que j’ai de vivre cette expérience en France alors que le surf n’est qu’un nouveau sport. Les épreuves de surf se dérouleront à Teahupoo, spot sur le cotes tahitiennes de Papeete. C’est une vague tout autant magnifique qu’effrayante. 

J’ai commencé l’année 2023 blessée, ce qui m’a permis de prendre un peu de recul. Me reconnecter à moi et savoir qu’est ce qui me fait vraiment vibrer aujourd’hui. La compétition et les voyages ont rythmé ma vie ces quinze dernières années. Ca a été mes deux plus grandes sources enseignement. En sport, on ne se ment pas et la compétition te confronte à toi même, tes peurs, tes envies, tes doutes, tes rêves, tes désillusions, tes espoirs. Les voyages, les cultures, les paysages te font grandir et ouvrent ton esprit. Le sport de haut de niveau demande une rigueur et un égoïsme important mais je ressens aujourd’hui le besoin de partager autour de ces activités que j’aime tant. C’est pour cela que j’ai créé BE.21. 

La protection de la nature me tient à coeur. Malgré mes voyages incessant, j’essaye de mettre en place des petites choses pour la protection de notre planète. A mon échelle, j’espère un jour inspirer d’autres jeunes dans cette voie. Je suis loin d’être parfaite et on peut facilement se sentir inutile dans ce vaste sujet qu’est « la protection de l’environnement ». A travers différentes actions menées avec des associations comme PURE, Surf Rider Fondation ou des marques, j’ai été  impliquée dans des actions concrètes pour différentes problématiques spécifiques aux endroits où nous voyageons. J’ai planter de la bruine dans les dunes des Landes en France pour contrer l’érosion. J’ai nettoyer la sortie de mangrove et la plage de Punta Roca au Mexique pour faciliter la ponte des oeufs de tortues marines. J’ai participé à des ramassages de déchets plastiques avec Goodbye Plastic sur des plages indonésiennes. J’ai planter des coraux avec Coral Gardner à Tahiti, etc… J’espère continuer à mener et partager des actions pour protéger nos éco-systèmes qui nous permettent tout simplement de vivre !